Un voyage à Tunis, sa ville natale, en décembre 2022, a inspiré à Jean Touitou le mini EP Canada, deux titres qu’il a écrits et composés, puis enregistrés dans le studio d’A.P.C. Fasciné « depuis toujours » par les noms de famille de ses camarades et des membres de sa famille, il s’est lancé dans un inventaire amusant, un peu à la manière des diatribes de Nino Ferrer.  Ce Canada dont il est question, c’est le nom de code d’un ailleurs que Jean Touitou imaginait miraculeux. « Quand j’ai écrit cette chanson, j’étais replongé dans mon adolescence, et à l’époque, je ne comprenais pas ce que ça voulait dire, se souvient-il. Peut-être qu’ils parlaient d’un au-delà que je ne connaissais pas, d’un Eden que leurs parents avaient découvert ».  

Introduit par un extrait de Reynaldo Hahn chanté par Claudine Levy, tante de Jean Touitou, Ode au Cimetière du Borgel est un exercice de mémoire involontaire proustien déclenché par une visite dans des lieux de souvenirs familiaux, dont le cimetière où sont enterrés ses grands-parents – et où il n’avait jamais mis les pieds. Ce cimetière se trouve sur un terrain instable, ce qui a pour effet de soulever les tombes, faisant ainsi ressembler le lieu à « à une sorte d’installation de Boltanski. Comme si les morts se révoltaient », note Jean Touitou. Evocation d’une partie de pêche subitement interrompue, d’une communion inattendue et d’un rite de passage à l’âge adulte d’un autre temps, la chanson est composée comme une transe accompagnant le récit de ce flashback sur fond de guitare douze cordes.